La demande d’électricité des centres de données britanniques sera multipliée par six au cours des dix prochaines années, prévient John Pettigrew, le directeur du distributeur d’énergie National Grid. En cause, l’essor de l’intelligence artificielle (IA).
L’IA requiert des capacités énergétiques colossales
« La croissance future des technologies fondamentales telles que l’intelligence artificielle et l’informatique quantique impliquera une infrastructure informatique à grande échelle et à forte consommation d’énergie », a-t-il déclaré lors d’une conférence à Oxford.
Des prédictions qui corroborent une étude publiée par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) au mois de janvier, selon laquelle la consommation électrique des datacenters devrait augmenter de 50 % d’ici à 2026 en Europe. Ces centres, où sont stockées, traitées et distribuées de grandes quantités de données informatiques, sont particulièrement énergivores.
Une tendance exacerbée par le boom de l’IA générative, démocratisée par le lancement de ChatGPT il y a plus d’un an. La technologie nécessite des capacités de calcul colossales, qui requièrent d’immenses ressources énergétiques. Sur le Vieux Continent, la situation est telle que l’Irlande, l’Allemagne et la ville d’Amsterdam ont introduit des restrictions sur les nouveaux centres de données ces dernières années. Même son de cloche à Singapour et en Chine, où le gouvernement impose davantage d’exigences aux nouvelles installations.
Si les opérateurs de centres de données travaillent sur des solutions pour régler ce problème, ils reconnaissent que le chemin pour y parvenir est encore long. Dans le cas du Royaume-Uni, l’avènement de l’IA va encore accentuer la pression sur le réseau électrique, déjà mis à rude épreuve par l’électrification accélérée du chauffage domestique, des transports et des industries.
Une possible solution, mais très coûteuse
Dans ce contexte, National Grid étudie la possibilité d’ajouter un réseau à très haute tension de 800 kilovolts, soit le double de la capacité actuelle, rapporte Bloomberg. Celui-ci permettrait des transferts massifs d’électricité dans tout le pays, en reliant les grandes sources d’énergie et les centres de demande, a expliqué Pettigrew. Des défis subsistent néanmoins, tant le déploiement d’un tel dispositif s’avère coûteux.
Cette proposition s’ajoute aux plans déjà annoncés d’investissements d’environ 142 milliards de dollars dans le réseau, prévus pour atteindre l’objectif de la neutralité carbone.
Le boom de l’intelligence artificielle préoccupe également les autorités à cause de l’immense quantité d’eau consommée par les centres de données. Dans ce cas aussi, les experts alertent sur la nécessité d’agir vite, dans un contexte de sécheresse de plus en plus accru.