Faire de la France un leader mondial de l’IA : qu’y a-t-il dans le rapport rendu ce jour à Emmanuel Macron ?

La Commission de l’intelligence artificielle (IA) a rendu ce mercredi au président de la République Emmanuel Macron, son rapport sur l’état du secteur de l’IA. Son constat est sans appel : la France accuse un retard non négligeable en la matière. Toutefois, les experts sont confiants et pensent que si l’Élysée bâtit une stratégie cohérente […]

Une main pointant le doigt vers une vitre illuminée d'un trait de diodes blanches.

La Commission de l’intelligence artificielle (IA) a rendu ce mercredi au président de la République Emmanuel Macron, son rapport sur l’état du secteur de l’IA. Son constat est sans appel : la France accuse un retard non négligeable en la matière. Toutefois, les experts sont confiants et pensent que si l’Élysée bâtit une stratégie cohérente dans les prochains mois, l’hexagone pourra s’affirmer en tant que leader mondial de l’IA sur le moyen terme.

Pour parvenir à ses ambitions, la France va devoir mettre la main à la poche

En septembre 2023, Matignon a mandaté une quinzaine d’experts afin de former la Commission IA. Co-présidée par l’économiste Philippe Aghion et Anne Bouverot, présidente du conseil d’administration de l’École normale supérieure, cette entité a été sommé de trouver des réponses à la question suivante : comment la France peut-elle devenir l’un des piliers mondiaux de l’IA ?

Dans son rapport, la Commission de l’IA ne tourne pas autour du pot. Selon elle, c’est en investissant massivement dans le secteur qu’elle pourra rattraper son retard dans ce domaine. Cette technologie « est une opportunité pour la France, pour l’économie et pour les personnes qui travaillent, à condition de s’y préparer », insiste Anne Bouverot.

Avec ses confrères, elle a imaginé « un plan d’action ambitieux », bien différent de celui présenté par Cédric O et Frédérique Vidal en 2021. Au lieu de 2 milliards d’euros annuels, la Commission de l’IA invite le gouvernement à investir 25 milliards d’euros sur les cinq prochaines années, à hauteur de 5 milliards d’euros par an. Cette enveloppe permettrait d’accélérer la transformation numérique des entreprises publiques et privées, les incitant à exploiter cette technologie au quotidien et à former leurs salariés en conséquence. La Commission de l’IA compte sur le soutien du secteur privé afin que cette somme puisse passer de 5 à 15 millions d’euros par an.

À court terme, le rapport propose la création d’un fonds d’investissement France & IA doté de 10 milliards d’euros, dont 3 milliards de capitaux publics et le reste issus de grands groupes français. Il permettrait d’investir dans des start-up françaises prometteuses sans qu’elles aient à se tourner vers des fonds étrangers, comme ce qui a pu être le cas avec Mistral AI lors de ses derniers tours de table. Il s’agirait là aussi d’une manière de rapprocher les jeunes pousses et l’industrie afin que cette dernière ait plus souvent recours à leurs solutions innovantes.

La Commission de l’IA a également insisté sur l’importance de soutenir la recherche publique en IA. Une des initiatives marquantes en la matière est celle initiée par Xavier Niel, Rodolphe Saadé et Eric Schmidt avec le laboratoire Kyutai. Tout institut de recherche est invité à collaborer avec le secteur privé pour favoriser le transfert de connaissance et de technologies.

Désormais, toutes les cartes sont dans les mains d’Emmanuel Macron et de son gouvernement. Il est difficile de savoir si l’Élysée appliquera à la lettre l’ensemble des recommandations de la Commission de l’IA.