Mistral AI dévoile Mistral Large, son grand modèle de langage (LLM) phare doté de « capacités de raisonnement de premier plan ». Il alimente notamment Le Chat, le nouvel agent conversationnel de la start-up française, qui a également établi un partenariat avec Microsoft.
Le Chat pour concurrencer ChatGPT
Après avoir réalisé un tour de table de haute volée en décembre, la valorisant à 2 milliards de dollars, la société passe à la vitesse supérieure. Mistral Large revendique de meilleures capacités de raisonnement que GPT-3.5, Gemini Pro ou Claude 2, assure la start-up. Seul GPT-4 fait mieux.
Le LLM français « peut être utilisé pour des tâches complexes de raisonnement multilingue, y compris la compréhension de texte, la transformation et la génération de code », détaille Mistral AI dans un billet de blog. Arthur Mensch, cofondateur et PDG de l’entreprise, indique que la formation de son nouveau modèle a coûté moins de 20 millions d’euros, un montant bien en deçà des dépenses d’OpenAI pour entraîner ses IA les plus puissantes.
En parallèle, elle lance Le Chat, un agent conversationnel similaire à ChatGPT, auquel les utilisateurs peuvent accéder via une liste d’attente. L’outil n’est pas connecté à Internet, prévient la firme, « il peut donc être inexact ou répondre avec des informations obsolètes ».
Une ascension fulgurante
Fondée il y a moins d’un an par un trio d’anciens chercheurs de Meta et de Google, Mistral AI a récemment étoffé ses équipes en vue, notamment, d’une plus grande expansion à l’international. « Nous pouvons rivaliser avec Google ou OpenAI », estime Arthur Mensch dans une interview accordée au Monde.
Les premiers modèles de la jeune pousse ont été déployés en open source, afin que tout le monde puisse les utiliser ou les adapter gratuitement. Un pari réussi, compte tenu de l’ascension fulgurante de Mistral AI. Mistral Large, lui, n’est pas ouvert. « Il s’agit manifestement d’un équilibre délicat entre la construction d’un modèle commercial et le respect des valeurs de l’open source », commente Mensch dans les lignes du Wall Street Journal.
Le PDG a également joué un rôle important auprès des autorités françaises vis-à-vis de l’AI Act, en alertant Emmanuel Macron de possibles entraves à l’innovation européenne. Consciente de détenir un possible champion, la France a plaidé en faveur d’une réglementation plus souple.
Mistral AI s’associe à Microsoft
En amont de ces annonces, Mistral AI a également établi un partenariat pluriannuel avec Microsoft. Mistral Large sera accessible via la plateforme Azure de la firme de Redmond, aux côtés des modèles d’OpenAI. « La confiance de Microsoft dans notre modèle est un pas en avant dans notre démarche visant à mettre l’IA de pointe entre les mains de tous », a réagi Arthur Mensch. Microsoft a investi dans la start-up dans le cadre de cette collaboration, pour un montant non dévoilé.
C’est aussi une question de stratégie pour le géant des logiciels, alors que son étroite relation avec OpenAI fait l’objet d’enquêtes antitrust dans plusieurs pays. La firme cherche aussi à étendre ses capacités d’IA en Europe, au travers d’investissements conséquents en Allemagne puis en Espagne.
Mistral AI s’est également associée à Google Cloud en décembre dernier. La société tient à garder son indépendance, tout en proposant une offre d’IA moins américanocentrée aux utilisateurs. « Nous avons insisté sur les langues européennes », confie Mensch au Monde, un choix qui devrait permettre à ses clients européens de mieux adapter le modèle à leurs besoins spécifiques.